jeudi 23 juin 2011

Albert Lozeau L’Âme révélée

Albert Lozeau
L’Âme révélée

MÉDITER de beaux vers, c’est apprendre son âme,
La strophe est un miroir fidèle où l’on se voit
Dans les traits d’un visage ami, pareil à soi,
Avec la même angoisse aux yeux, la même flamme.

Ce que j’ai de secret, un verbe le proclame ;
Ce que j’ai de confus, un mot l’éclaire en moi ;
Et dans sa vérité mon être s’aperçoit,
Cruel et lamentable, ou doux comme une femme.

Je suis là, par moi-même en face regardé,
D’espérance ou de crainte ou d’amour obsédé,
Libre de l’apparence imposée, ― ô misère ! ―

Vraiment tel que je suis intérieurement,
Triste, inquiet, rêveur, inconstant et sincère,
Mais esclave soumis d’une bouche qui ment !

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