mardi 7 juin 2011

La Sorella dell’ Amore Émile Nelligan

La Sorella dell’ Amore
Émile Nelligan

Mort, que fais-tu, dis-nous, de tous ces beaux trophées
De vierges que nos feux brûlent sur tes autels ?
Réponds, quand serons-nous pour jamais immortels
Aux lumineux séjours des célestes Riphées ?

J’eus vécu l’Idéal. Au paradis des Fées
Elle était !... Je ne sais, mais elle avait de tels
Yeux que j’y voyais poindre, aux soirs, de grands castels
Massifs d’orgueil parmi des parcs et des nymphées...

Ma chère, il est vesprée, allons par bois, viens-t’en
Nous suivrons tous les deux le chemin brut et rude
Que tu sais adjoignant la chapelle d’Antan.

Ma voix t’appelle, ô sœur ! mais ta voix d’or m’élude.
Gertrude est morte hier et je sanglote étant
Comme une cloche vaine en une solitude.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire