jeudi 20 octobre 2011

Five o’clock d'Émile Nelligan

Five o’clock
d'Émile Nelligan

Comme Liszt se dit triste au piano voisin !
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Le givre a ciselé de fins vases fantasques,
Bijoux d’orfèvrerie, orgueils de Cellini,
Aux vitres du boudoir dont l’embrouillamini
Désespère nos yeux de ses folles bourrasques.

Comme Haydn est triste au piano voisin !
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Ne sors pas ! Voudrais-tu défier les bourrasques,
Battre les trottoirs froids par l’embrouillamini
D’hiver ? Reste. J’aurai tes ors de Cellini,
Tes chers doigts constellés de leurs bagues fantasques.

Comme Mozart est triste au piano voisin !
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Le Five o’clock expire en mol ut crescendo.
– Ah ! qu’as-tu ? tes chers cils s’amalgament de perles.
– C’est que je vois mourir le jeune espoir des merles
Sur l’immobilité glaciale des jets d’eau.

…………………….. sol, la, si, do.
– Gretchen, verse le thé aux tasses de Yeddo.

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