vendredi 22 février 2013

TRISTESSE de Napoléon Aubin (1812-1890)

TRISTESSE

de Napoléon Aubin (1812-1890)
Seul bien que j'envie,
Amour ! douce erreur !
Viens, ma triste vie
S'éteint de langueur,
Ô coupe d'ivresse,
Pourquoi te tarir ?
Ô fleur de jeunesse
Pourquoi te flétrir ?
Une fièvre ardente
Consume mes os :
Chacun se tourmente
Pour changer de maux,
On suit sa chimère
On fait des projets...
Et bientôt la terre
Les couvre à jamais !
Comme un flot se brise
Aux rochers du bord
Ma vigueur s'épuise
À vaincre le sort.
Mal qui me possèdes
Abrège ton cours !
Combien tu m'obsèdes
Ô fardeau des jours !
Seul parmi la foule
Je m'en vais rêvant,
Et sans but je roule
Au pouvoir du vent.
J'offre, en ma détresse,
J'offre à tous la main
Mais nul ne la presse
Ils vont leur chemin...
Ô mélancolie
Qui partout me suis
Vois, mon âme plie
Au faix des ennuis !
Chaque doux prestige
A fui devant toi :
Monde où tout m'afflige
Que veux-tu de moi ?
La joie est donnée
À nos jeunes ans,
La vie et l'année
N'ont qu'un seul printems,
Malheur à qui chasse
Les tendres plaisirs ;
L'hiver bientôt glace
Et fleurs et désirs...
Je vis une rose
Au déclin du jour ;
Que ma main t'arrose,
Dis je, ô fleur d'amour !
Puisqu'elle te cueille
Demain sans retard ;
Je vins... mais sa feuille
Volait au hasard.
La Minerve, vol. 8, no 1001, 29 janvier 1835, p. 1.

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