mercredi 25 mai 2011

Le jardin d'antan d'Émile Nelligan

Le jardin d’antan 

Rien n’est plus doux aussi que de s’en revenir 
Comme après de longs ans d’absence, 
Que de s’en revenir 
Par le chemin du souvenir 
Fleuri de lys d’innocence, 
Au jardin de l’Enfance. 

Au jardin clos, scellé, dans le jardin muet 
D’où s’enfuirent les gaîtés franches, 
Notre jardin muet 
Et la danse du menuet 
Qu’autrefois menaient sous branches 
Nos sœurs en robes blanches. 

Aux soirs d’Avril anciens, jetant des cris joyeux 
Entremêlés de ritournelles, 
Avec des lieds joyeux 
Elles passaient, la gloire au yeux, 
Sous le frisson des tonnelles, 
Comme en les villanelles 


Émile Nelligan

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