Le tombeau de Charles Baudelaire
Émile Nelligan
Je rêve un tombeau épouvantable et lunaire
Situé par les cieux, sans âme et mouvement
Où le monde prierait et longtemps luminaire
Glorifierait mythe et gnôme sublimement.
Se trouve-t-il bâti colloquialement
Quelque part dans Illion ou par le planistère
Le guenillou dirait un elfe au firmament
Farfadet assurant le reste, planétaire !
Ô chantre inespéré des pays du soleil,
Le tombeau glorieux de son vers sans pareil
Sois un excerpt tombal au Charles Baudelaire.
Je m’incline en passant devant lui pieusement
Rêvant pour l’adorer un violon polaire
Qui musicât ces vers et perpétuellement.
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