Salons allemands
Émile Nelligan
Je me figure encor ces grands salons muets
Pleins de velours usés et d’aïeules pensives,
De lustres vacillants éblouis des convives
Qui tournaient dans la valse et les vieux menuets.
Je repense aux portraits d’autrefois suspendus
Sur le haut des foyers et qui semblaient nous dire
Dans leur langue de mort : Vivants, pourquoi tant rire ?
Et les beaux vers de Gœthe aux soirs d’or entendus.
J’évoque les tableaux flamands, et les artistes
Qui songeaient en fumant dans leurs chaises tout tristes
Et dont l’œil se portait vers l’âtre hospitalier.
Mais surtout et je pleure et ne sais que résoudre.
Car voici que j’entends chanter sur l’escalier
Le vieux ténor hongrois aux longs cheveux en poudre.
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