vendredi 4 octobre 2013

En roulant ma boule...

En roulant ma boule... par Marcel Dugas


Les beaux canards - rouli, roulant - ouvrent leurs bouches
ensanglantées.
Ce n'est pas d'avoir avalé la boule qui roulait, rouli,
roulant.
Le temps de le dire - le fils du roi qui, par aventure,
chassait a tué ces bêtes innocentes et vraiment trop à la portée
de son fusil.
L'étang qui est par derrière chez nous est rouge de sang.
Des filles se sont emparées de ces canards, et avec leurs
plumes ont fait un lit de camp.
« Couchez-vous, passants d'amour, couchez-vous,
passants d'amour, couchez-vous, c'est pour vous seuls que
ces galantes ont travaillé. »
Mais ma boule s'est arrêtée; elle ne fait plus rouli roulant.
Sur l'étang, le soleil se meurt dans les flots qui roulent
encore des volatiles assassinés.
Et dans le soir, l'âme des canards plane et monte sur
quelques plumes égarées que le vent ramène, rouli, roulant.

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